L'arbre sans fin.
C'est vrai, il a toujours été là. Sans le savoir.
C'est vrai, je l'avais un peu oublié, jamais remercié. Depuis longtemps je ne lui avais plus jeté un regard.
C'est vrai, tout le monde s'en fout car je ne suis pas la seule à avoir grandi avec lui.
C'est vrai, certains s'en foutent car ils n'ont pas eu la chance de le connaître, de l'apprécier.
C'est vrai, j'en fais peut être trop. Alors lui, ou ses histoires ? Moi ou mes rêves d'enfants ?
Et puis, par hasard, je me suis replongée dedans. J'y ai retrouvée un bout de moi, longtemps oublié. Ce bout d'enfance perdu là bas car on ne peut se défaire de ce "nous" qu'on rencontre dans le pays imaginaire. Moi c'est dans son Imagination que j'ai grandie. Et que je me suis retrouvée. Que je me retrouve encore maintenant. Alors oui je vais peut être claquer mes thunes pour acheter tous ses bouquins. Et oui je vais continuer à lire ses histoires aux autres, dans des baignoires en soirée. Rien que pour voir les bouches s'arrêter de rire, et s'entrouvrir un peu. Les lèvres qui s'humidifient, les cheveux qui s'enroulent autour des doigts, les épaules qui s'affaissent. Et leurs yeux qui courent d'image en image, scrutent les dessins, tout en suivant l'histoire. Et puis je relis une deuxième fois, le temps que ça monte quand même. [Avec l'alcool aidant ça peut être long...] Et si je devais lui faire le plus joli cadeau qu'il soit, je lui offrirais leurs regards, et j'enregistrais leurs mots.
Et peut être qu'un jour moi aussi j'écrirais des histoires, pour faire rêver chaque enfant. Même les grands.
À Claude Ponti.