La pluie, qui rigole dans un caniveau.//
Moi je me marre. En passant devant le miroir je m'arrête un instant et brise la glace avec moi même d'un fou rire vivifiant. Alors que les vacances touchent à leur fin lorsque je commence tout juste à les savourer on me rappelle que c'est le moment logique pour céder à la panique. Moi mes poumons se vident. J'expire. Le soulagement se répand, chaud et tendre comme un plat de pâtes au beurre. J'ouvre le journal, en troisième page, grosse photo du centre : un ex, champion de son club d'échec. Toujours cet air triomphant de gros nase. Et moi, je me marre. Malgré ce regard qui plonge un peu sur le côté, comme lorsqu'il fixait un grain de beauté imaginaire, juste au dessus de ma pommette, ce visage gêné, un peu crispé. Je ris plus fort. Quelqu'un m'a dit que ça faisait rajeunir, je cherche qui, dans le brouillard de ma tête. Un visage se dessine, ah oui, vestige d'une soirée, je lui avais répondu que si je rajeunissais encore j'allais redevenir foetus. Il avait ri aussi, on avait bu. Mon chat est con, il se prend pour un tapis de bain et je suis partagée entre la pitié et la compassion. Ca doit être bien la vie de tapis de bain... De chat aussi. Tu te rappelles Léna ? Le dernier concert de Lénore où on est allées, on avait mangé des crêpes, mais aussi on était des chats, et c'était vachement bien, hein ? On riait... Comme chez Ewan, parce qu'on était vraiment des crabes, et que quand on est tombé il fallait qu'on aille à l'hôpital. En vrai, ce n’était pas vrai. Mais les crabes ça fait toujours du cinéma. Tu as pleuré aussi.
Mais aujourd'hui il pleut, alors je ris pour compenser, Debbie est tombé dans ma tasse de café, elle a sursauté pendant 10 minutes, je passe mon aprèm à regarder les petites annonces de location d'apparts sur St Naz et ma mère m'a grillé, c’était drôle comme instant. J’ai un énième nouveau téléphone depuis une semaine, et j’ai déjà cru le perdre 6 fois. Je fais des blagues pourries à Léna, et elle se fait toujours avoir. Les gens sont tellement bêtes autour de moi qu’ils comptent les BD, les barreaux d’escaliers et les poutres au plafond. Je suis la seule personne intelligente ici, mais chut faut pas leur dire. Huhu. (Poil au c**)