Pédale, pédale sinon la lumière s'évanouira.
Elle a réussi à me convaincre, sans doute parce que ma décision était déjà prise. Fuir comme toujours, la solution de facilité. Enfant capricieuse, habituée a faire "que c'qu' elle veut". Alors une fois dans ce bus qui m'éloigne de Lui, la pression lâche. Mes épaules s'affaissent, il fait beau, tellement. Je me détend et main dans la main on va s'allonger près du lac, et je parle je parle, je ne me souviens plus de ce que je raconte mais elle rie. C'est beau, encore, toujours ça ne s'arrêtera jamais tu sais, car il suffit d'y croire. Alors j'essaye de capter ces instants *clic* mais la moucheronne s'envole, ne se laisse pas emprisonner dans cette joli cage dorée. C'est vrai qu'une fois aplatie sur un petit bout de papier, la réalité perd toute sa magie. Paradoxe.
Et on y retourne le lendemain, allongées près d'un ruisseau, pataclop pataclop, on roule et glisse, se chatouille et se dispute comme deux enfants, car. Et un bisou, car.
Et la ronde tourne comme cette bouteille, endiablée et prisonnière. Et les baisers volés, lancés en l'air mais sans être rattrapés. S'écrasent comme nos espoirs que la vie se tue à nous briser. Et les visages sont flous, mes jambes titubent. Pourquoi la fourmi elle arrête de pédaler ? Il fait tout noir dans ma tête, tu sais. Pourquoi ton sourire il est plus là, et t'as penser quoi de Marine ? Toutes ces questions posées silencieusement, mais on partage tout hein ? Et cette nuit, où muette je t'entendais parler, vagues murmures m'atteignant, incapable de réagir je ne peux ralentir le flot de tes mots, alors je souris, dans ma tête.
Je me dirige mécaniquement vers la chambre de ma soeur, traverser le couloir, pousser la porte qui grince. Son habituel mais qui remue plein de chose en moi. Cette chambre impersonnelle, parce que presque jamais habitée, est vide comme toujours. Alors je m'immisce dans un petit bout d'elle, me couche dans ses draps et me fait une cabane, rassurante. Comme quand j'était enfant, il y a très longtemps.
Fermer les yeux sur la vie qui passe, juste des petites bulles qui remonteront à la surface, tôt ou tard. En attendant...
[Mon sac à mots : dixit le prof de physique "Donc si on met un BN, ah vous ne savez peut être pas ce qu'est un BN ? Mais si, vous savez les petits oursons en guimauve, entourés de chocolat !" et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu mais bien sur ! / Et puis, je t'aime, mais chut.]
Et c'est quand il ne sera plus là, qu'on le regrettera. Pleurant des larmes amères, de regrets et de remords, de n'avoir pas su. Alors on contemplera ces photos, où le monde était beau, et on se plaira à croire, que le bonheur était là. Alors que lui, il était dèjà bien loin.